Quand on revient du Rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand, on a très souvent la valise chargée de nouveaux livres. J’en ai rapporté plusieurs, voici le premier : Carnet de route, ETHIOPIE, écrit et illustré sur le vif par Philippe Bichon.
Ce que j’aime dans les carnets de voyage de Philippe, c’est d’être plongé avec lui du tout début jusqu’à la fin de son parcours, quasi heure par heure. Rien ne nous échappe de ses tribulations et de son talent à provoquer les rencontres. Et puis j’aime aussi la police de caractères “manuscrite” (alors qu’en général elle rebute les éditeurs et les libraires), elle apporte une proximité. C’est comme si Philippe m’ envoyait une lettre par la Poste (quand ça se faisait encore…). Une belle humanité se dégage de ses propos et il ne manque jamais de recouper ses observations avec celles de ses nombreux autres voyages, en Jordanie, au Rajasthan, en Iran, au Yémen… J’ai découvert grâce à lui la cité de Lalibela. Les églises monolithes sont très bien décrites en mots choisis et en dessins justes puisqu’il travaillait naguère dans l’architecture. “Lalibela”, ce nom me fait rêver. Je me le répète maintenant tous les jours. Philippe ne fait pas simplement un livre de plus à chaque fois mais chaque nouvel ouvrage vient compléter et enrichir une œuvre déjà cohérente, authentique et personnelle.

Vous savez ; Einstein nous a expliqué « la relativité du temps » … je n’ai pas tout compris. Pourtant en quelques jours de confinement, je suis parti sept semaines en Éthiopie, alors Albert avait sûrement raison.
J’ai voyagé avec Philippe Bichon, à hauteur d’homme. Ce bouquin est mieux que les guides touristiques du Petit Routard Futé. C’est le témoignage, simple et authentique d’un Globe-croqueur, un journal pleins d’anecdotes et de vie, de croquis sur le vif et d’aquarelles (portraits, paysages, architecture …). Ces formes de dessins sont les plus littéraires, car elles laissent l’imagination vagabonder. L’auteur prend son temps, il s’intègre mieux à la population, il sympathise au sens premier du terme. L’Éthiopie est un pays contrasté, de religions et de cultures diverses et riches, d’ethnies bigarrées. Loin des lieux communs que l’Occident en retient, son Histoire se confond avec celle de l’humanité.
Ce carnet de route est un bel objet. C’est le fac-similé d’un ouvrage unique, que j’ai pu voir lors de ma rencontre avec l’auteur (que je remercie encore ici), à Lille, il y a quelques semaines. Philippe l’a confectionné pendant ce périple en 2011. La police d’écriture choisie laisse penser à un texte manuscrit, et de nombreux petits textes dédicacés dans toutes les langues témoignent de vraies rencontres de voyage. La couverture originale est en bois recouvert de cuir de chèvre, fabriquée sur place par le prêtre-calligraphe Hailu. Et, sur la couverture reproduite : Ce lecteur se délectant du Livre des livres …
Allez, salut ; Bon voyage, prenez soin de vous et des vôtres.