Ce livre a obtenu le Prix Pierre Loti 2015
«On n’est pas dans un de ces beaux livres sur papier glacé à la maquette et au calibrage professionnels, mais bien dans le carnet de route encore plein de sable d’un amoureux du voyage ; un ami qui vous aurait prêté pour un temps ses précieuses notes, uniques et personnelles».
Libération – nov. 2014
Extrait :
« Traversant un véritable petit canyon, rendu très glissant par la pluie, je parviens tant bien que mal jusqu’à Beta Abba Libanos. Celle-ci ne présente qu’une façade inachevée, la roche étant sans doute plus problématique à travailler à cet endroit, mais l’intérieur est finement sculpté. Le prêtre pose gentiment devant ces peintures religieuses si typiques d’Ethiopie, avec ces personnages aux grands yeux. En sortant, j’entends un peu plus haut un jeune qui apprend l’alphabet, à l’ombre d’un arbre. Je le rejoins et me retrouve juste au-dessus de Beta Gabriel, sur les grands rochers qui surplombent le village.
Carnet de route – Philippe Bichon
Deux hommes sont assis là, à contempler le paysage. Nous échangeons quelques paroles amicales… La route qui descend vers le bas du village est en partie recouverte de fleurs de Meskel au jaune éclatant. Les arbres sont, comme souvent ici, magnifiques. Soudain, je suis interpellé par une cacophonie sans nom semblant venir du toukoul en contrebas, dont j’aperçois la chevelure de chaume. Je m’approche et découvre un prêtre adossé à la porte, en train de faire la classe à tout un groupe de jeunes qui, Bible en main, récitent tout haut à qui chantera le plus faux les écrits sacrés ! Une scène pas si différente des écoles coraniques, en fait… Je m’assois non loin, ce qui ne manque pas de faire sourire l’assemblée. L’occasion est trop belle, je sors la boîte d’aquarelles et le carnet. Une fois fini, je leur montre le résultat et le prêtre semble beaucoup apprécier le dessin. La conversation s’engage, mais je préfère les laisser à leurs études. Nous nous retrouverons à peine 10 mn plus tard, pour la pause déjeuner. Son jeune fils, qui connaît quelques mots d’anglais, me dit que je suis invité à partager leur repas. »
La composition des pages respecte au mieux le carnet original :
Carnet Original
Carnet publié
Quelques autres dessins
Quelques photos du globecroqueur en action
Quelques rencontres autour du carnet
Témoignages
Nicolas JOLIVOT
Carnettiste
Quand on revient du Rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand, on a très souvent la valise chargée de nouveaux livres. J’en ai rapporté plusieurs, voici le premier : Carnet de route, ETHIOPIE, écrit et illustré sur le vif par Philippe Bichon.
Ce que j’aime dans les carnets de voyage de Philippe, c’est d’être plongé avec lui du tout début jusqu’à la fin de son parcours, quasi heure par heure. Rien ne nous échappe de ses tribulations et de son talent à provoquer les rencontres. Et puis j’aime aussi la police de caractères “manuscrite” (alors qu’en général elle rebute les éditeurs et les libraires), elle apporte une proximité. C’est comme si Philippe m’ envoyait une lettre par la Poste (quand ça se faisait encore…). Une belle humanité se dégage de ses propos et il ne manque jamais de recouper ses observations avec celles de ses nombreux autres voyages, en Jordanie, au Rajasthan, en Iran, au Yémen… J’ai découvert grâce à lui la cité de Lalibela. Les églises monolithes sont très bien décrites en mots choisis et en dessins justes puisqu’il travaillait naguère dans l’architecture. “Lalibela”, ce nom me fait rêver. Je me le répète maintenant tous les jours. Philippe ne fait pas simplement un livre de plus à chaque fois mais chaque nouvel ouvrage vient compléter et enrichir une œuvre déjà cohérente, authentique et personnelle.
Philippe CARIN
Babelio
Vous savez ; Einstein nous a expliqué « la relativité du temps » … je n’ai pas tout compris. Pourtant en quelques jours de confinement, je suis parti sept semaines en Éthiopie, alors Albert avait sûrement raison.
J’ai voyagé avec Philippe Bichon, à hauteur d’homme. Ce bouquin est mieux que les guides touristiques du Petit Routard Futé. C’est le témoignage, simple et authentique d’un Globe-croqueur, un journal pleins d’anecdotes et de vie, de croquis sur le vif et d’aquarelles (portraits, paysages, architecture …). Ces formes de dessins sont les plus littéraires, car elles laissent l’imagination vagabonder. L’auteur prend son temps, il s’intègre mieux à la population, il sympathise au sens premier du terme. L’Éthiopie est un pays contrasté, de religions et de cultures diverses et riches, d’ethnies bigarrées. Loin des lieux communs que l’Occident en retient, son Histoire se confond avec celle de l’humanité.
Ce carnet de route est un bel objet. C’est le fac-similé d’un ouvrage unique, que j’ai pu voir lors de ma rencontre avec l’auteur (que je remercie encore ici), à Lille, il y a quelques semaines. Philippe Bichon l’a confectionné pendant ce périple en 2011. La police d’écriture choisie laisse penser à un texte manuscrit, et de nombreux petits textes dédicacés dans toutes les langues témoignent de vraies rencontres de voyage. La couverture originale est en bois recouvert de cuir de chèvre, fabriquée sur place par le prêtre-calligraphe Hailu. Et, sur la couverture reproduite : Ce lecteur se délectant du Livre des livres …